A l’annonce de la disparition de Jean-Paul Belmondo, lundi dernier, David Lisnard a exprimé son émotion et son admiration pour le grand acteur qui était si lié à Cannes où il séjournait régulièrement.
« Adieu au Magnifique. Nous venons de l’apprendre, Jean-Paul Belmondo est mort à 88 ans.
Belmondo. L’un de ces très rares acteurs qui rendaient tout film, de tout genre, accessible à tous. Il y eut des chefs d’œuvre et d’autres. Aucun n’était anodin et ne pouvait être mauvais quand il apparaissait.
Jean-Paul Belmondo était le seul avec Louis de Funès qui parvenait à rendre chaque film populaire, joyeux, et donc in fine à rendre heureux le spectateur, au delà des générations, et ainsi à générer une sorte de communion familiale. Voir son nom sur un programme était une assurance de bonne soirée partagée.
À bout de souffle, Léo Morin prêtre, mais aussi L’as des as, un singe en hiver, Itinéraire d’un enfant gâté, Pierrot le fou… tous les films avec lui devenaient denses, intenses, jouissifs, de Godard à Melville, de Lelouch à Arcady, de Chabrol à Oury, et tant d’autres. Un tantinet cabot, un brin gouailleur, souvent charmeur, fin quand il le voulait et toujours généreux, et beau, si beau. Nous perdons un de ces comédiens pour qui a été inventée l’expression « monstre sacré ».
De ses débuts au Conservatoire (avec la fameuse « bande à Bébel » – Claude Rich, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Annie Girardot ou encore Bruno Cremer) s’est confirmée chez lui une certitude : celle de jouer la comédie sur les planches – le théâtre, son premier amour – et devant la caméra.
Il laissera son empreinte sur le cinéma mondial et sur le sable de Cannes qu’il aimait encore plus fouler que le tapis rouge. Résident fréquent et régulier de notre ville, il laissera aussi, en tant qu’homme, le souvenir de sa gentillesse constante avec son large, et dévorant de vie, sourire comme étendard. Chaque rencontre avec Jean-Paul Belmondo fut pour moi une joie et un moment ensoleillé.
Belmondo, c’était une éternelle nouvelle vague de panache et de charisme. Comédien précis mais jamais précieux, rayonnant et jamais sentencieux, talentueux et jamais prétentieux.
Acteur de théâtre, il emplissait physiquement chaque salle et portait toutes les œuvres interprétées, dont bien sûr le si brillant et si français Cyrano de Bergerac.
La boxe et la sculpture, le sport et la culture, la virilité et la sensibilité. Bebel, l’incarnation d’une France idéalisée.
Notre chagrin est à la hauteur de l’homme qu’il était : figure populaire du cinéma d’après-guerre, il est entré, petit à petit, dans le cœur de millions de Français qui se sont profondément attachés, pour toujours, à ce géant du 7e art.
Physique de boxeur, visage buriné, Jean-Paul Belmondo, avec ses airs de titi parisien, incarnait ce cinéma familial, libre, estimé qui ne s’embarrassait pas du qu’en dira-t-on mais qui parlait à chacun.
Amoureux de Cannes, – la réciproque était vraie – nous le croisions souvent dans nos rues.
Toujours magnifique.
A sa famille, ses proches et amis, j’adresse nos sincères condoléances. »
David Lisnard, maire de Cannes